Illustration de l’article sur la transformation numérique des services de proximité et l’impact de l’IA

Les services à la personne ne peuvent plus ignorer les places de marché : l’accélération numérique portée par l’IA

Partagez cer article :

Le secteur des services à la personne, longtemps composé de petites structures locales, est aujourd’hui confronté à une transformation numérique irréversible. En 2025, l’enjeu n’est plus de savoir s’il faut intégrer les plateformes numériques, mais comment le faire intelligemment pour rester visibles, compétitifs et pérennes. Cette mutation s’accélère sous l’effet d’un catalyseur puissant : l’intelligence artificielle.

L’IA, moteur de la digitalisation et révélateur d’attentes nouvelles

L’intelligence artificielle ne se contente plus d’optimiser les processus internes des entreprises. Elle redéfinit les standards de l’expérience client. Recommandations personnalisées, assistants virtuels, automatisation des plannings, prédiction des besoins : ces usages, devenus courants dans le commerce en ligne, façonnent désormais les attentes des consommateurs dans tous les secteurs.

Selon le Baromètre France Num 2025, plus de 78 % des dirigeants de TPE-PME reconnaissent les bénéfices concrets du numérique, et deux fois plus d’entreprises utilisent désormais l’IA dans leur activité par rapport à 2022. Cette adoption rapide crée un effet d’entraînement : les clients s’habituent à des services fluides, réactifs et contextualisés. Ils attendent la même qualité d’expérience dans les services à domicile.

Une visibilité devenue vitale

Aujourd’hui, plus de 76 % des particuliers recherchent un service à domicile via les moteurs de recherche ou des applications mobiles. Pour un besoin immédiat, plus de 60 % privilégient une recherche en ligne. Cette tendance s’est renforcée avec l’essor des interfaces conversationnelles et des plateformes de réservation instantanée.

Les leaders du secteur — Ouicare, Shiva ou Helpling — l’ont bien compris. Grâce à des stratégies digitales robustes, un référencement optimisé et des campagnes de notoriété, ils dominent les résultats de recherche et captent l’attention des clients. À l’inverse, les structures indépendantes peinent à rivaliser, faute de moyens financiers, de temps ou de compétences technologiques.

Les marketplaces : un levier d’accès au marché

Les plateformes numériques spécialisées dans les services à domicile (Aladom, Wecasa, Helpy…) prennent en charge les budgets de communication, le référencement et la gestion des flux clients. Elles permettent aux prestataires de bénéficier d’une visibilité immédiate et d’un accès facilité à la demande. Ce modèle, déjà adopté par les petits acteurs de l’hôtellerie via Booking.com ou Airbnb, s’impose progressivement dans les services à la personne.

Mais il soulève une question cruciale : celle du partage de la valeur. Les commissions prélevées par les marketplaces varient entre 10 et 25 % du chiffre d’affaires selon les services et les pays. Pour des entreprises aux marges souvent faibles, cette ponction peut fragiliser l’équilibre économique.

Une solution collective : créer sa propre place de marché

Face à cette dépendance croissante, une voie stratégique s’ouvre : celle de la mutualisation. Les entreprises peuvent s’unir — sous forme de coopérative, d’association ou de réseau — pour créer leur propre plateforme, maîtriser les commissions et mutualiser les coûts de visibilité. Cette démarche permettrait de concrétiser la transition numérique tout en renforçant l’autonomie stratégique du secteur.

Des initiatives locales commencent à émerger, portées par des acteurs régionaux qui prennent l’initiative. Elles montrent qu’il est possible de concilier professionnalisation, digitalisation et solidarité économique.

Une technologie désormais accessible

Contrairement à ce que l’on pensait en il y a 10 ans, la technologie n’est plus un obstacle. Les solutions SaaS, les outils no-code et les plateformes clés en main permettent aujourd’hui de lancer une marketplace avec des coûts maîtrisés. L’IA rendra même certaines tâches plus simples : gestion des plannings, qualification des demandes, automatisation des relances. Le véritable défi réside dans la prise de conscience des bouleversements en cours et dans la volonté stratégique de prendre son destin en main.

Un contexte fiscal en mutation

En 2025, le crédit d’impôt de 50 % reste un pilier du secteur, mais son avenir est incertain. Le gouvernement envisage de le recentrer sur les services jugés essentiels — garde d’enfants, accompagnement des personnes âgées ou handicapées — et de réduire l’avantage pour les services dits “de confort”. Cette évolution pourrait fragiliser les modèles économiques fondés sur ces prestations et accentuer le recours au travail non déclaré.

Les entreprises doivent donc anticiper ces changements, diversifier leurs offres et renforcer leur professionnalisme pour rester dans le cadre légal et fiscal.

Conclusion : une mutation accélérée, une opportunité à saisir

L’intelligence artificielle accélère la digitalisation des entreprises et crée de nouvelles attentes chez les clients. Les services à la personne, encore trop peu digitalisés, n’ont plus le luxe d’attendre. Il leur faut désormais conjuguer efficacité technologique et qualité humaine pour bâtir un modèle durable, inclusif et compétitif.

Les signaux sont clairs : les usages changent, les outils sont disponibles, et les clients sont prêts. Il appartient aux acteurs du secteur de prendre l’initiative, de mutualiser leurs forces et de bâtir une offre numérique à la hauteur des enjeux sociaux et économiques de demain.